Tuesday, 5 December 2006

Mikael Åkerfeldt - French interview by heavymusic.free.fr (05 Dec 2006)

Opeth termine actuellement son énorme tournée en promotion de "Ghost Reveries". L'occasion de dresser un bilan de l'année 2006 avec Mike Akerfeldt et de parler de ses futurs projets : un nouvel album et un DVD pour Opeth et le commencement imminent de son projet avec Steven Wilson et Mike Portnoy.

Salut Mike ! Le moins que l’on puisse dire est que cette tournée « Ghost Reveries » est très longue. C’est déjà votre quatrième tournée en Europe pour cet album…

Oui, c’est probablement vrai (rires).

Je suppose que vous allez bientôt faire une pause...

Oh oui ! C’est la dernière tournée là. Je crois que cela fait 19 mois que nous sommes sur la route pour cet album. Nous avons du jouer environ 300 concerts sur cette tournée. Je pense que dans le monde du metal, cela fait beaucoup. Même de façon plus générale en fait. Nous avons regardé le livret du « Live After Death » d’Iron Maiden. Si tu te souviens, il y a toutes les dates de la tournée inscrites dessus. Quand j’étais plus jeune et que je regardais ça je me disais que je ne serai jamais capable de jouer autant de concerts. Ils faisaient quelque chose comme 4 concerts de suite avec 2 jours de repos sur cette tournée. Nous avons du jouer quelque chose comme 16 concerts de suite à un moment ! Nous entrons dans la catégorie des groupes de metal qui bossent dur !

As-tu commencé à composer le prochain album?

Un tout petit peu mais je viens juste de déménager. Je viens d’installer un studio dans une des pièces. Même si les gens qui travaillent en studio ne considèreraient pas ça comme un vrai studio. Mais bon cela va me permettre de faire les démos et les trucs comme ça. Mais le problème c’est que mes chats n’arrêtent pas de pisser sur le sol de cette pièce. Ca me fait pas mal de boulot tout ça. Mais j’ai déjà quelques idées.

Tu ne veux donc pas plus en parler…

Euh non, car je n’ai encore rien écrit de spectaculaire. Juste quelques riffs, qui sont très bons je pense. Je n’ai même pas encore de thème pour l’album. Juste des riffs.

Difficile donc de savoir à quoi nous allons pouvoir nous attendre?

Oui, car je ne le sais pas vraiment moi-même. Je sais de quelle façon je souhaite entendre le prochain album sonner mais je ne sais pas vraiment dire quel sera ce son si tu vois ce que je veux dire. Je vais me lancer dans une recherche pendant que j’écris et travailler pas mal d’idées. Ainsi je pourrai savoir quel est le son que je recherche. Tout ce que je peux dire c’est que ce sera différent.

Par exemple sur « Ghost Reveries » un des nouveaux éléments a été la progression d’influences orientales…

Oui c’est vrai. Mais je suis encore un novice en musique orientale. Nous avons quelques amis au proche orient et ils approuvent ce que l’on fait du genre : ouais ça c’est parfait ! Ils adorent. Je ne sais pas si je pousserai encore cet aspect sur le prochain disque. En fait je tire les influences orientales que j’ai, d’autres groupes de rock comme The Beatles ou Rainbow. Je ne connais pas vraiment la véritable scène orientale. Pour une chanson comme Atonement, j’ai piqué le rythme de batterie sur une chanson des Beatles et je me le suis approprié. Mais j’adore la couleur de ce genre de riffs. Je trouve ça très excitant car la plupart des groupes occidentaux n’expérimentent pas ce genre de choses. Je trouve ce son très mystérieux. Même dans la pop. Lorsque nous étions en Turquie et que nous entendions ce qu’ils considéraient là bas comme de la pop, nous adorions. Pour moi c’était super sombre (rires). Mais là bas quand on leur dit que l’on est influencé par Ibrahim Tatlises, qui est une grosse rock star au proche orient, ils se foutent de notre gueule ! Car il est considéré comme un artiste pop ringard. Alors que nous le trouvons incroyables !

Martin Lopez ne fait officiellement plus parti du groupe. Tu m’avais dit il y a un an que la condition pour qu’il revienne serait qu’il puisse s’investir à 100%. Je suppose donc que ce n’a pas été le cas. Peut être à cause de sa maladie?

Il a été très malade et a été à l’écart du groupe pendant un long moment. Il y a d’abord eu Gene Hoglan (Strapping Young Lad) pour le remplacer puis Axe (ndlr : Martin Axenrot). Je ne suis pas sur que Lopez avait envie de revenir car il a formé son propre groupe pendant ce temps là. Je suppose que pendant cette période nos chemins se sont tout simplement séparés. Nous étions en tournée en permanence et surtout il n’y avait aucun problème. Nous n’avions plus à nous inquiéter de la façon dont chacun se sentait. Nous formons une réelle unité avec Axe. Nous avons également fait des tournées très réussies avec Lopez mais pas la dernière. Elle n’était pas très amusante. On s’inquiétait du fait qu’il joue bien ou pas chaque soir ou de savoir si il était dedans ou pas. Cela ne nous arrive jamais avec Axe. Je suppose que nous avons fait quelques mauvais concerts avec lui, mais en tout cas il est toujours heureux de jouer. C’est un soulagement de pouvoir redevenir un groupe travailleur à nouveau. Même si Lopez va nous manquer à tous nous sommes curieux de voir comment nous allons travailler avec Axe en studio. J’avais une relation géniale en studio avec Lopez. Pas vraiment pour le dernier album car il ne se sentait pas bien, mais lorsqu’il était dedans c’était une joie de travailler avec lui. Je suis donc impatient de savoir comment cela va fonctionner avec Axe.

L’aspect positif des choses est qu’Axe est en pleine progression. La première fois que je l’ai vu avec vous en septembre 2005 je ne l’avais pas trouvé à la hauteur sur les parties plus subtiles. Puis 3 mois plus tard en décembre, j’avais senti une nette amélioration. Et cette année il semble encore s’être amélioré…

Bien. Tout d’abord tu dois considérer qu’il joue les parties de quelqu’un d’autre. Il était nouveau dans le groupe et devait apprendre tout ça en jouant sans arrêt dans le monde entier devant un public établi. C’est une position difficile de devoir remplacer Martin Lopez dans ces conditions. Cela lui a certainement pris un peu de temps, mais personnellement je n’ai jamais eu de problème quant à son jeu. Mais effectivement, il ose faire plus aujourd’hui. Auparavant il essayait juste de reproduire les morceaux tels qu’ils étaient sur album. D’une certaine façon il s’autorise aujourd’hui à avoir plus de liberté dans son jeu. Il apporte sa propre touche. C’est une joie de jouer avec lui. Il est très précis et il a toujours l’air d’être en forme.

Vous avez filmé votre dernier concert à Londres. Je suppose qu’il va y avoir un nouveau DVD. Sera-t-il très différent du précédent qui est plutôt récent?

Oui il y aura un nouveau DVD. Il sera différent car je crois qu’il n’y a qu’un morceau en commun sur les 2 DVD.

Pourquoi avoir une nouvelle fois filmer un concert à Londres?

Je ne sais pas vraiment mais cela est du au fait que l’endroit où nous l’avons filmé se trouve à Londres. C’est une salle spectaculaire. Elle s’appelle le Roundhouse. C’était une salle très active dans les années 60 avec des groupes comme Pink Floyd ou The Doors qui ont joué leur unique concert européen dans cet endroit. L’endroit est magnifique et est parfait pour faire un DVD. De plus avec le fait que notre management soit anglais, nous avons eu pas mal de connexions avec des équipes de captation locales. Nous avons pu le faire à un bon prix. C’était plutôt commode étant donné qu’une grande partie de notre business se passe en Angleterre. Je suppose que ça a facilité les choses. Mais ce n’est pas pour favoriser l’Angleterre. Nous aurions pu le filmer n’importe où. Mais la salle est vraiment belle. Elle te donne envie d’avoir belle allure et c’est le but d’un DVD (rires).

Ce sera l’occasion d’avoir quelques unes de tes blagues en DVD. Sur le dernier tu étais très timide…

(Rires) Je n’ai encore rien vu du métrage donc je ne peux pas trop dire ce qui sera dessus. Je ne me souviens plus trop de quoi j’ai parlé sur scène ce jour là mais oui je suppose que j’ai du dire pas mal de conneries (rires).

Cette année vous avez fait quelques concerts chronologiques aux Etats-Unis. Peux tu m’en toucher un mot?

Nous étions sur ce que l’on considère comme le marché secondaire d’une tournée américaine. Une tournée où nous jouions dans des villes peu habituelles dans lesquelles tu ne te rends jamais au début. C’est un grand territoire qui est difficile à couvrir entièrement. Nous voulions jouer dans des villes plus obscures et moins connues. Mais nous voulions également faire quelque chose dans les 3 grosses villes du pays. Celle de chaque côte plus Chicago au milieu. Nous avons donc fait 3 concerts chronologiques. Il s’agissait de concerts de 3 heures où nous commencions par des chansons du premier album et où nous finissions par des chansons du dernier. Il y avait également plus de production, nous avions des écrans sur scène. Le public était assis sur des sièges comme les concerts étaient longs.

Vous auriez du filmer ce genre de concert!

Ca n’a jamais été l’idée. Nous voulions garder un côté exclusif sur ce type de concerts. Proposer quelque chose d’autre dans ces grandes villes. Offrir quelque chose de plus spectaculaire pour attirer les gens car nous jouions dans de plus grandes salles. Nous aurions pu filmer ces concerts mais nous avions déjà le projet de filmer ce DVD au Roundhouse à l’époque de ces concerts.

Après avoir testé de jouer 3 heures sur scène, as-tu envie de retenter l’expérience?

Non. J’ai détesté faire ça. Lorsque nous arrivions au moment de jouer les nouveaux morceaux, qui sont les plus difficiles à jouer, nous étions crevés. Au moment où nous devions jouer les trucs les plus compliqués cela faisait déjà 2h30 que le concert avait commencé. C’était assez horrible. Nous étions cramés après chacun de ces concerts. Mais c’était quelque chose de bon en tant que groupe. J’ai parlé récemment avec Mike Portnoy. Dream Theater fait souvent des concerts de 3h30 et je pensais qu’il adorait ça. Il m’a dit qu’il ne le ferait plus jamais. C’est normal, c’est trop long. Ils ne feront plus ce type de concerts sur la tournée de leur prochain album.

L’année dernière tu me disais que si tu avais à payer 75 000 dollars pour jouer sur l’Ozzfest, comme beaucoup de groupe, tu ne serais pas intéressé. Vu que vous n’y étiez pas, je suppose qu’il vous a été impossible d’obtenir une place normale sur l’affiche…

Nous avons essayé d’obtenir une place où tu gagnes de l’argent, car nous ne considérons pas vraiment le fait de devoir payer pour jouer à 9h00 du matin (rires). J’ai le plus grand respect pour Ozzy Osbourne et je pense qu’il y a de très bons groupes sur le festival. Mais je trouve astreignant le fait de payer pour jouer 20 minutes à de mauvais horaires. Nous voulons plutôt obtenir une place décente sur un festival. Il y a une alternative à l’Ozzfest. Le Sound Of The Underground. Nous avons fait ce festival itinérant l’année dernière. Evidemment ce festival ne ramène pas autant de monde mais c’est un bon festival et il attire quand même pas mal de gros groupes. In Flames l’a fait cet été et Lamb Of God l’a fait l’année dernière. La seule raison qui me pousserait à faire l’Ozzfest serait l’éventualité de rencontrer Ozzy (rires). Je ne suis pas sur que ce soit quelque chose d’utile pour le groupe. L’autre festival est une bonne alternative est a un line up similaire à l’exception d’Ozzy ou Black Sabbath. Je ne suis donc pas très intéressé par l’Ozzfest et c’est également trop d’argent. 75 000 dollars c’est une grosse somme pour n’importe quel groupe, si tu dois jouer 20 minutes à 9h00 du matin (rires).

Ton but sur le Gigantour était donc de rencontrer Dave Mustaine (Megadeth)?

(Rires) Oui, c’était sans aucun doute un de mes objectifs. Je l’ai fait et j’ai passé de bons moments avec Dave Mustaine. Je ne dirai pas que nous sommes devenus amis, mais nous avons passés quelques temps ensemble et nous nous sommes recroisés à Tokyo (ndlr : au Loud Park Festival) où nous avons passer un bon moment à boire de la Guinness ensemble dans un bar. C’était super. Je me fous de ce que tout le monde peut dire sur Dave Mustaine. Il a probablement ces moments comme chacun de nous. Il a vraiment été très gentil et doux avec nous. Avec moi plus particulièrement. Il a été très respectueux et moi évidemment je l’étais en retour. C’est Dave Mustaine quand même ! C’est toujours bizarre de rencontrer quelqu’un que tu écoutais lorsque tu grandissais.

Sais tu quelle chanson d’Opeth apparaîtra sur le prochain DVD du Gigantour?

Nous avons filmé 4 chansons. Cela va dépendre de celle qui sonnera le mieux. Il y avait The Grand Conjuration, et je pense que c’est ce titre qui sera retenu (rires). Il y avait aussi Deliverance et The Leper Affinity, mais nous avons totalement foiré ce dernier titre si je me souviens bien (rires). Windowpane a également été filmé. Ca serait cool d’avoir un titre comme ça sur un DVD metal mais nous devons d’abord regarder le résultat. Nous n’avons encore rien vu.

Quoi de neuf du côté du projet que tu as avec Steven Wilson (Porcupine Tree) et Mike Portnoy (Dream Theater)?

Steve va venir chez moi passer quelques jours à la maison en janvier. J’espère que nous allons écrire pendant ce temps là. Il a déjà écrit 2 chansons. Moi je n’ai encore rien écrit. En fait c’est un musicien beaucoup plus discipliné que moi car j’ai également une famille et lorsque je rentre à la maison je veux me relaxer avec elle. Steve travaille en permanence. Il a plusieurs projets parallèles comme Blackfield et Bass Communion. Il est vraiment très occupé. Mais nous parlons de ce projet ensemble depuis que nous nous sommes rencontrés la première fois, il y a 7 ans. Enfin nous avons décidé d’une date pour nous y mettre. Ce sera donc en janvier ou au début février. Ca dépend de son emploi du temps car moi je serai totalement libre pendant cette période.

Vous pensez donc écrire la totalité de cet album pendant cette période?

Ca dépend. L’idée de départ était de commencer par sortir un EP de 4 ou 5 chansons. Mais effectivement si nous avons assez de chansons pour faire un album, nous sortirons un album.

Concernant Mike Portnoy, il n’interviendra qu’au moment d’enregistrer?

Je pense, d’après ce que j’en sais. Mais je ne sais pas exactement ce que Portnoy veut faire sur ce projet. Si il veut contribuer à l’écriture, je serai évidemment enchanté d’entendre des propositions de sa part. Mais je ne sais pas vraiment comment il travaille, nous n’en avons pas discuté. Il nous a juste dit en entendant parler de ce projet qu’il voudrait jouer dessus. Je suppose que les choses vont se passer de la façon suivante. Steve et moi-même allons écrire une masse de chansons puis Portnoy va venir se rajouter et apporter quelques idées.

L’année dernière tu me parlais également d’une possible participation de Robert Fripp (King Crimson). Où en est ce?

C’est un nom que nous évoquons souvent mais je ne peux absolument pas dire si il sera impliqué dans le projet. Ca serait un rêve mais lorsque tu commences à penser à ce genre de choses, tu aimerais avoir Fripp pour un solo puis avoir Peter Gabriel pour faire quelques voix (rires).

Mais c’est plus du domaine du possible avec Fripp, vu qu’il y a une connexion entre lui et Steven…

En effet, ils se connaissent. Mais rien n’est confirmé pour le moment. Si il est impliqué je le verrai bien faire quelques petites choses ici et là sur l’album. Mais il n’y a rien de confirmé, sinon je te le dirai.

Avec Porcupine Tree désormais signé chez Roadrunner Records et par conséquent étant sur le même label qu’Opeth, y a-t-il une chance de revoir une tournée commune entre les 2 groupes?

Oh oui. Nous en avons déjà parlé. Nous avons déjà fait une tournée commune aux Etats-Unis il y a quelques années et nous aimerions bien recommencer. Nous en avons parlé ensemble au concert de Londres au Roundhouse. Steven était là et nous en avons parlé. Le seul problème est que nos emplois du temps sont complètement opposés en ce moment. Ils travaillent sur un nouvel album et lorsqu’il sortira et que leur tournée commencera, nous serons en pleine pause niveau concert. Ca devrait se passer plus tard dans le futur.

Maintenant que les 2 groupes ont chacun un public conséquent, n’y aura-t-il pas un problème à partager l’affiche?

Oh non ! Lorsque nous avons fait ça aux Etats-Unis, c’était une réelle co-tête d’affiche. Chaque groupe jouait 1h45 et nous alternions selon les dates l’ordre de passage. Il y aura nos petits clash d’ego avec Steven du genre : ce soir c’est moi la tête d’affiche (rires). Mais rien de sérieux. Ce ne sera jamais un problème en prenant compte que même lorsque tu joues en premier tu disposes de ton show complet. Je ne me battrai jamais avec un groupe comme Porcupine Tree pour écourter leur set, car j’ai envie de regarder en entier leur concert comme tous les fans présents. C’est la même chose pour Steve. Il veut regarder notre prestation en intégralité. Les seules personnes qui posent problème concernant qui jouera en dernier sont toujours les manageurs et les labels. Les groupes s’en foutent un peu.

Merci à Mike Akerfeldt ainsi qu'à Karine et Mathilde de Roadrunner.

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