Sunday, 11 December 2005

Mikael Åkerfeldt - French interview by Count D (11 Dec 2005)

Maintes fois chroniqué dans ce canard, Opeth laisse toujours planer quelques interrogations, aussi peu musicales soient-elles. Il fallait alors profiter de leur venue à Lyon en ce mois de décembre 2005 pour éclairer encore la brousse qui entoure ce groupe. Mikael Akerfeldt s’est prêté au jeu des questions, quelques heures avant sa montée sur scène et celle en première partie du jeune groupe Burst.

Count D : Quelles ont été les raisons des départs d’Anders Nordin et Johan DeFarfalla d’Opeth?

Mikael Åkerfeldt (chant+guitare) : Johan a en fait été viré, simplement par choc de personnalités. Nous étions amis, mais il était un peu borné. C’était un bon bassiste et quelqu’un de sympa, mais avait des préférences musicales très différentes des nôtres. Quand je lui parlais de mes idées pour My Arms Your Hearse, que je souhaitais diriger vers une musique plus heavy et plus forte, lui, souhaitait quelque chose de plus funky et de plus soft. C’était définitivement une mauvaise idée. Et je me souviens avoir été assez content de me séparer de lui. Puis j’ai appelé Anders, au Brésil à cette période, pour lui annoncer la nouvelle. Il l’a mal prise et m’a annoncé du coup son départ du groupe. Anders est né au Brésil, adopté en Suède, et souhaitait en outre définitivement revenir au Brésil pour étudier et avoir un véritable travail. Pour toutes ces raisons il est parti.

Count D : Chaque album d’Opeth est un nouveau pas dans son évolution. As-tu déjà été en manque d’idées sur la direction que prendrait un nouvel album?

Mikael Åkerfeldt : Non pas réellement. Je n’ai pas réellement d’idées claires sur ce que pourrait être un prochain album lorsque je suis en train d’écrire pour celui-ci. Le seul moment où j’ai eu une idée claire de ce que serait le prochain enregistrement était pour Damnation. Je savais que ce serait nouveau et soft, c’est tout. En bref, quand je travaille sur un album, je ne sais jamais d’avance ce que veux faire et ce qu’il en sortira. J’attends juste de savoir si je pourrais sortir quelque chose de spécial, un bon riff et j’en suis ravi quand je le sors.

Count D : Tu ne manques donc jamais d’inspiration...

Mikael Åkerfeldt : Non. Enfin, maintenant si, parce que j’ai encore la tête dans le nouvel album. Après un enregistrement je n’ai plus rien à dire, c’est vrai. J’ai besoin d’un moment assez long pour que l’inspiration revienne. Et après chaque réalisation je me demande si je serai capable de faire quelque chose de plus, quelque chose de nouveau. Nous avons ces doutes à chaque album, mais cela ne nous fait plus peur.

Count D : Penses-tu encore faire un titre long de vingt minutes ou plus, et as-tu même déjà pensé écrire un album d’un seul titre?

Mikael Åkerfeldt : Je ne planifie pas ce genre de choses. Je ne peux pas décider avant d’écrire un titre quelle longueur il fera. C’est impossible à dire… Pour Black Rose Immortal, je ne pouvais plus m’arrêter d’écrire! Les gens sont bercés par un certain romantisme à l’écoute de ce titre, notamment parce qu’il est long, peut-être aussi pour sa qualité, même si ce n’est pas notre meilleur titre. J’aime les titres longs, je n’aurais aucun problème pour écrire une musique de deux heures. Je ne peux pas affirmer que nous ne ferons jamais un album d’un seul titre, mais je n’écris jamais un titre en connaissant par avance sa longueur. La longueur est la bonne lorsque je sens et décide que c’est okay, que je n’ai plus rien d’autre à dire pour ce titre.

Count D : De quelle manière la naissance de ta fille Melinda a pu changer ta façon de voir la vie et plus précisément d’écrire de la musique?

Mikael Åkerfeldt : Je ne suis pas sûr que la naissance de Melinda ait eu un impact sur ma façon d’écrire de la musique. J’étais un peu inquiet à ce sujet parce que c’est un putain de cliché, de croire que j’allais écrire de la joie, des fleurs… Il est certain que le nouvel album possède quelques airs portant plus d’espoir, mais je ne pense pas que cela ait tant changé ma façon d’écrire de la musique. C’était pourtant un moment particulier dans ma vie, alors que je composais l’album, parce que ma femme et moi-même attendions la naissance de notre fille, et elle me disais « ne t’inquiète pas, rentre à la maison, retourne travailler ». Je me souviens avoir fini de trouver un riff à l’instant même où l’on me demandait à l’hôpital. C’était une période assez nouvelle dans ma vie, j’étais heureux, et c’est peut-être plus évident pour moi alors d’écrire avec cela des choses plus sombres et dépressives que joyeuses. Cela a toujours été difficile pour moi de composer des airs joyeux comme Riverdance, tu sais. Cela ne se produira jamais.

Count D : Existe-t-il un album d’Opeth pour lequel tu n’as jamais été enthousiaste?

Mikael Åkerfeldt : (moment de réflexion) Deliverance fait partie de ceux-là, tu sais, parce que j’ai de mauvais souvenirs de son enregistrement. Et puis la dernière chanson est bien sur les six premières minutes, mais pas la fin. Je ne suis pas très content de ce dernier titre (note de –the lord: By The Pain I See In Others). Je pense que Deliverence reste tout de même un très bon album. Quelques titres sont assez impressionnants, comme Deliverence, A Fair Judgements, Master’s Apprentices. J’aime donc beaucoup cet album, mais quand il était prêt, que tout était fini, je restais stressé, j’avais de mauvais souvenirs

Count D : Que ressens-tu, maintenant que vous êtes sous les spots de la presse? Penses-tu que ce nouvel intérêt des médias sera de long terme?

Mikael Åkerfeldt : Aucune idée, mais j’espère. J’aime assez la position que nous avons à l’heure actuelle et partout où nous allons nous sommes bien exposés, nous sommes bien reçus. Nos concerts sont souvent complets et les gens apprécient notre musique, parce que ce qu’il faut comprendre que ce que nous créons avec ce groupe est basé sur la musique et non sur des sujets portant à controverses, mêlant Jésus et autres sujets. C’est de la musique, c’est ce que nous sommes et c’est ce sur quoi nous construisons notre succès. Je pense donc que nous méritons ce succès, cela fait un moment que nous tournons, nous travaillons très dur, et quel que soit le succès que nous avons aujourd’hui, nous l’avons mérité, et j’espère qu’il perdurera. Nous ne sommes pas un groupe « trendy », tu sais. Si nous l’étions, nous serions happés par les tendances, sans arrêt. J’espère que notre succès durera, mais Dieu sait que la scène musicale est très fragile…

Count D : Changeons de sujet, maintenant… Pourquoi autant de vannes homo, sur scène?

Mikael Åkerfeldt : Moi (rires)?

Count D : Et aussi, quelle est cette histoire de porno avec un chien, relative à votre concert parisien?

Mikael Åkerfeldt : (rires) Je fais donc des blagues homosexuelles… Je ne sais pas pourquoi. Je dois en faire assez peu, tout de même. C’est vrai que j’en fais de temps en temps sur scène avec les membres de mon groupe, c’est pour plaisanter, je ne cherche bien sûr à attaquer personne avec cela. A propos du chien, c’est une histoire qui s’est effectivement passée à Paris. Quand tu es loin de chez toi, sans ta femme, quelques magazines suffisent. Et dans un de ces magasins à Paris il y avait beaucoup de téléviseurs, et sur l’un, quelqu’un defequait sur une autre personne, et une autre avec un chien en action. Yeark (rires) ! Je ne peux pas croire que des gens s’éclatent avec ça… J’aime beaucoup Paris à part ça, je sais qu’il y a une espèce de culture du sexe en France, nous en avons une aussi en Suède, mais le coup du chien c’était vraiment trop pour nous à ce moment-là.

Count D : Quel est ton jeu vidéo préféré?

Mikael Åkerfeldt : (il réfléchit) J’aime tous les jeux auxquels je joue, et je ne suis pas très critique à ce niveau. Mais j’adore Grand Theft Auto Vice City, Grand Theft Auto San Andreas. J’aime aussi … Splinter Cell, Call Of Duty, Max Pain, Silent Hill, Metal Gear, bref, j’adore les jeux de tir!

Count D : Quel est ton jeu ton snack préféré?

Mikael Åkerfeldt : (bon moment de réflexion) Je ne me souviens plus du nom, je crois qu’ils en ont en Angleterre, c’est comme un beignet, avec du chocolat et du miel. Je crois que cela s’appelle Crunch! C’est monstrueusement bon! (note de Count D: wouahou)

Count D : Quelles sont tes cigarettes chéries?

Mikael Åkerfeldt : J’ai arrêté. Mais Marlboro Light…

Count D : Boissons alcoolisées?

Mikael Åkerfeldt : Le vin, le vin rouge! Mais sinon eau, Corona, Diet Coke et plus spécialement celui au citron! J’adore ça.

Count D : Que penses-tu de la musique de Devin Townsend et souhaiterais-tu à l’occasion faire un projet avec lui?

Mikael Åkerfeldt : Pourquoi pas, en fait? J’ai bien vu sa façon de faire de la musique et ce qu’il en pense. Il sait faire beaucoup de choses en même temps. Je l’ai vu expliquer quelque chose en même temps qu’il chantait sur un fond midi… C’est un vrai show! Je ne sais pas ce que nous pourrions faire ensemble, mais je sais que nous apprécions mutuellement nos musiques, et cela pourrait donner quelque chose d’intéressant (rires)!

Count D : Connais-tu quelques groupes français?

Mikael Åkerfeldt : Des groupes français? Oui, Magma, avec son Univeria Zekt. Quelques groupes autour de Magma, aussi. Je ne connais presque rien du metal extrême français. Je sais que votre public est assez extrême, mais je ne suis pas la scène metal, que ce soit en France ou ailleurs, crois-moi.

Count D : Dernière question pour ce soir: quelle question aurais-tu souhaité que je pose au cours de cet entretien?

Mikael Åkerfeldt : Je ne sais pas, rien ne me vient. C’est la question la plus difficile du mois (rires)!

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