Opeth revient ! Avec un nouvel album (album de l'année ?), une nouvelle maison de disque, un nouveau membre, 2 dates parisiennes et 2 dates en provinces d'ici la fin de l'année, le moins que l'on puisse dire est que le groupe a retrouvé une actualité plutôt chargée. C'est le guitariste Peter Lingdren qui a bien voulu s'entretenir à propos du nouvel album, de ses influences, l'arrivé de Per Wiberg, les problèmes de santé de Martin Lopez et d'autres choses encore.
Salut Peter, tout d’abord félicitation pour le nouvel album « Ghost Reveries » qui est une nouvelle fois excellent. Es tu d’accord avec moi si je dis qu’il marque le début d’un nouveau chapitre dans la carrière d’Opeth?
Tout d’abord merci. Oui je suis d’accord, il y a beaucoup de choses nouvelles en rapport avec cet album. Nous sommes désormais chez Roadrunner bien qu’à l’époque où nous avons enregistré l’album nous étions sans label. Nous avons d’abord fait l’album, nous avons signé ensuite. Il y a un nouveau musicien dans le groupe, Per (ndlr : Wiberg claviériste). Nous avons changé de studio par rapport à nos derniers albums. C’est vraiment le départ d’un nouveau chapitre.
Sur cet album il y a une très grosse influence orientale avec des chansons comme Beneath The Mire, The Grand Conjuration ou bien encore Atonement qui me rappelle carrément du Led Zeppelin, d’où vient cette influence?
En réalité cela a commencé sur l’album « Blackwater Park » je pense. La chanson Bleak est la première chanson que nous ayons faite avec des ingrédients orientaux. Ce sont les 2 Martin (ndlr : Lopez et Mendez, batteur et bassiste du groupe) qui ont amorcés cela car ils vivent dans ce coin pourri à Stockholm où il y a beaucoup d’immigrés. Ils ont beaucoup d’amis arabes et évidemment ils écoutent beaucoup leur musique. Ils nous ont fait écouté beaucoup de trucs : un syrien qui s’appelle Georges Wassouf et un turque du nom d’Ibrahim Tatlises. Ce sont tous les 2 des grosses stars dans leur propre pays. On écoute leur musique. Dès le moment où nous avons commencé à écouter leur musique, nous avons commencé à être influencé et à essayer de l’étendre à notre musique. En quelque sorte c’est une scène nouvelle, enfin cela n’a rien de nouveau, mais c’est nouveau pour nous (rires). Ils ont tellement de bonnes chansons et c’est tellement différent de ce que nous écoutons habituellement.
C’est quasiment la première fois que vous prenez autant de temps entre 2 albums, étiez vous fatigués après l’ère « Deliverance »/ »Damnation »?
Oui nous avons pris un peu de vacances, principalement car nous avions tourné pendant 18 mois. Nous avons commencé en 2002 et nous avons arrêté pendant l’été 2004. Mike a eu un enfant, nous étions fatigués, nous avons décidés de faire une pause d’un an. En réalité la pause n’a durée que 6 mois car pendant ce temps nous avons écrit l’album et nous avons répété. 6 mois en même temps c’est une bonne pause, si tu as un travail normal je suppose que tu dois avoir 5 semaines de vacances. D’un autre côté nous ne sommes jamais à la maison, donc il nous faut un petit peu de temps à consacrer à la famille. Je suis content que nous ayons pris cette pause, je suis sur que l’album et meilleur que ce qu’il aurait été si on l’avait composé juste après la fin de la tournée.
Il me semble également que c’est la première fois qu’Opeth s’autoproduit, est ce parce vous ne voulez plus travailler avec quelqu’un d’autre que Steven Wilson ou était ce un souhait à la base?
Pour être honnête, nous avons pratiquement toujours fait le maximum de choses nous même. Steven Wilson a fait 3 albums avec nous. Mais il a uniquement produit certaines parties, majoritairement les voix et les solos de guitare. Nous sommes totalement ravi de son boulot et nous voulions l’investir une nouvelle fois. Mais il est très occupé avec Porcupine Tree et nos emplois du temps ne correspondaient pas. Nous devions donc prendre quelqu’un d’autre mais c’était difficile pour nous. Roadrunner nous a donné quelques suggestions, mais c’était seulement des noms pour nous. Quand nous avons regardé les groupes qu’ils avaient produits, cela ne nous intéressait pas (rires). Steven Wilson était un choix sûr car nous sommes fans de Porcupine Tree, nous savions qu’il était génial. En réalité pour que l’on prenne un producteur il faudrait qu’il nous fasse ses preuves (rires) avant qu’on puisse lui accorder notre confiance. Steven Wilson était notre premier choix et il n’y avait aucun autre nom sur la liste (rires).
Quels sont les noms que Roadrunner vous a suggérés?
Il y a le gars, je ne me souviens pas de son nom, il a fait l’album de Muse.Sinon le mec qui a fait un album avec Tool…
David Botrill?
Exactement ! Mais il était beaucoup trop cher (rires). Nous avions aussi Andy Wallace, qui pour moi a fait un album super avec Jeff Buckley : « Grace », mais il a également fait un album avec Korn, « Untouchables » je crois (ndlr : Wallace a seulement fait le mixage de « Untouchables », Micheal Beinhorn était le producteur). Mais lui aussi était très cher, c’était ridicule. Donc nous avons préférés faire l’album nous même et prendre quelqu’un pour le mixer mais là encore nous n’avions aucun nom. Dans le studio, il y avait un mec qui s’appelle Jens Bogren qui était là pour enregistrer, il nous a demandé si il pouvait faire le mixage sur une chanson nous lui avons dit ok ! Son mix était très bon, il n’y avait donc aucun intérêt à prendre quelqu’un d’autre. Donc Jens a mixé l’album entier. Je pense que ce mec va devenir une star (rires) ! Après cet album il va être très occupé.
Comme tu l’as dit plus tôt, il y a un nouveau membre chez Opeth en la personne de Per. Par conséquent les claviers sont évidemment plus présents sur ce disque. Est-ce que Per a participé à l’élaboration des morceaux?
En gros Mike écrit tout. Si nous avons quelque chose nous lui soumettons et il s’occupe d’assembler les idées. Pour cet album, nous avons décidé de répéter pendant plusieurs semaines. Pendant ces répétitions, nous avons pu consacrer pas mal de temps à travailler les arrangements, et c’est dans cette voie que Per a participé. Bien que Mike écrit tout, cet album est tout de même un effort de groupe, tout le monde savait ce qu’il faisait. Per a été investi dès le début de la conception de l’album. C’était cool pour nous, c’est probablement la manière dont tous les groupes travaillent, ils répètent avant d’entrer en studio. Cette fois nous avons essayé et nous sommes content du résultat, nous allons donc continuer à travailler de cette façon (rires).
Est-ce que Per est toujours un membre des Spiritual Beggars?
Oh oui, mais depuis que Per est occupé avec nous et depuis que Mike Amott est occupé avec Arch Enemy, ils ne peuvent que faire des concerts lorsque les emplois du temps de nos 2 groupes ne sont pas en conflit. Je pense qu’ils continueront encore car pour eux c’est une sorte de soulagement, il n’y a pas de pression sur ce groupe.
Et toi as-tu un projet parallèle?
Oh non, je suis tellement occupé avec Opeth. Quand je rentre de tournée, je n’ai plus envie de voir de musiciens et même de voir d’autres gens (rires). Cela prend un bon moment, avant d’avoir de nouveau envie de reprendre ma guitare. J’en joue un peu avec d’autres gens, mais juste pour le fun, rien de sérieux.
Est-ce que Per utilise un vrai mellotron ou un sample?
Un sample…
C’est bien ce qu’il me semblait (rires)…
Nous pourrions avoir accès à un mellotron car la copine de Per joue dans un groupe suédois qui s’appelle Anekdoten, et elle a un mellotron. Mais c’est beaucoup trop fragile à emporter en tournée…
Et de plus c’est très rare…
Oui et également très cher (rires). Je pense que le sample sonne très bien. Ce ne sera jamais comme le truc original, mais cela apporte quelque chose qui sonne très bien, et de toute façon nous ne pourrons jamais prendre un vrai mellotron en tournée.
Est-ce le même sample que sur l’album « Damnation »?
Non, c’est une programmation différente. Je n’en suis pas complètement sûr car c’est un ami à nous qui s’appelle Charlie Storm qui a configuré le sample…
Ce n’est pas Steven Wilson?
Non, Steven joue dessus, mais c’est Charlie qui a programmé. Nous utilisons un clavier Korg, je ne suis pas sur que c’était le même clavier sur « Damnation ».
Maintenant que Per est dans le groupe, avez-vous effectué une sorte de lifting à certains vieux titres, en y incorporant plus de clavier?
Oui, en réalité Per a rejoint le groupe pendant la tournée « Damnation ». Lorsque nous avons du inclure des vieilles chansons dans le set, nous avons réarranger tout ça avec du clavier. Nous avons trouvé les chansons meilleures et c’est là que nous avons réalisé qu’il nous fallait un claviériste dans le groupe. Il n’y a que sur « Deliverance », « Damnation » et le nouvel album ou il y a du clavier. Mais sur scène désormais, toutes les chansons auront du clavier.
Pourtant lorsque l’on regarde la fin de The Leper Affinity sur le DVD « Lamentations », il n’y a pas la fin avec le piano…
(Rires) Oh c’est juste une sorte d’outro, un son bizarre à la fin, mais nous avons du la mettre de côté, parfois nous devons couper une intro ou une fin de chanson car même si cela prend que quelques minutes, c’est toujours du temps de pris sur le set. En coupant une intro tu peux arriver à caller un morceau supplémentaire.
Vous allez revenir à Paris en décembre prochain, allez vous jouer un set totalement différent?
Ce ne sera pas totalement différent. Nous allons faire des changements bien sur, pour que les gens n’assistent pas au même concert. Nous allons jouer d’autres morceaux du nouvel album par exemple. Nous ne faisons jamais vraiment de set totalement différent. Il n’y aura pas 10 nouvelles chansons. Il y aura peut être 5 chansons différentes, ce qui fait la moitié de notre set. Nous n’en avons pas encore parlé en tout cas mais nous changerons certaines choses.
Avec tellement d’albums et des chansons si longues, quand Opeth jouera-t-il aussi longtemps que Dream Theater par exemple ??? 10 chansons c’est trop peu!
Quand nous avons enregistré le DVD « Lamentations », nous avons joué 2 set, d’une durée d’au moins une heure chacun. Je pense qu’en tout cela faisait 2 heures et demi. Nous faisons en général des concerts entre 1h45 et 2h05. Cela dépend du temps qui nous est alloué. Si nous faisons un concert de 3h00, j’ai peur que le public s’ennuie. Je préfère quitter la scène au top du concert. Puis si tu joues 3h00 chaque soir, tu finiras mort en une année (rires). A la place nous venons 2 fois (rires).
Martin Lopez a des sérieux problèmes de santé actuellement, quand sera-t-il rétabli?
Oui cela peut prendre un long moment. Nous l’avons renvoyé à sa maison en juillet, et nous sommes maintenant en septembre. Cela fait 2 mois et il a encore besoin de guérir.
Sera-t-il avec vous en décembre?
Nous ne le savons pas. Nous ne voulons pas mettre de pression sur lui. Si nous lui imposons des dates butoirs, je pense qu’il ne reviendra pas à temps. Nous lui avons dit de prendre le temps qu’il lui faut. Si il est de retour pour la prochaine tournée, c’est bien, si ce n’est pas le cas nous la ferons quand même car nous devons travailler. Ce n’est pas tombé au bon moment, nous venons à peine de sortir le nouvel album, une sorte de nouveau chapitre et le batteur n’est pas là. Nous avons donc embauché un autre Martin.
Présente moi ce remplaçant…
Il s’appelle donc Martin et il joue avec Bloodbath et Witchery.
Comment sonnait Opeth cet été avec Gene Hoglan à la batterie?
Tu sais pour nous c’était très différent car c’est une légende, une idole. Il a fait pratiquement 20 concerts avec nous. Evidemment c’est un grand batteur. La première fois qu’il a joué The Grand Conjuration avec nous sur scène, il ne l’avait jamais jouée auparavant. Seulement avec ses baguettes en tapant sur ses jambes. Comme Martin Lopez, c’est un batteur super technique et très talentueux. La différence est surtout qu’avec Martin, il y a plus de variation dans la dynamique, des hauts et des bas. Avec Gene, qui est davantage un batteur metal, tout est très parfait, très droit. C’est facile de jouer avec lui.
Et cela a-t-il fonctionné sur les parties les plus subtiles d’Opeth ? Car je dois t’avouer que pour moi Gene Hoglan est une machine infernale, mais je ne l’imagine pas du tout pouvoir donner du groove à un morceau et jouer de façon plus subtile, de swinguer en quelque sorte…
Il était un peu nerveux à propos de cela. Mais cela a bien fonctionné. Il a du jouer un peu plus avec le sharley (rires). Mais à vrai dire toutes les parties ont bien fonctionné. Il n’a pas eu de problème avec les parties plus mélodiques même si il était nerveux à l’idée de les jouer. Il n’a pas l’habitude de jouer ce genre de choses. Je dois t’avouer que c’est assez marrant de le voir jouer de façon plus subtile avec sa corpulence (rires). Il a vraiment assuré en tout cas.
Le temps pour répéter, a du être sacrément court?
En fait, nous lui avons appris le matin que nous voulions le voir jouer avec nous le soir même (rires). Bon le set ne faisait que 40 minutes et il y avait déjà 2 chansons qu’il connaissait. Il n’y en avait que 2 nouvelles à apprendre.
Cela s’est passé sur le festival très metalcore : Sounds Of The underground. Penses tu qu’Opeth sois bien adapté à ce genre d’affiche?
Euh non, je ne penses pas. Mais l’album n’était pas encore sorti et pour nous c’était l’opportunité de créer un buzz autour de nous. Egalement l’opportunité de gagner des nouveaux fans car la plupart des gens n’avait jamais eu l’occasion de nous voir. Nous étions vraiment le groupe le plus différent de l’affiche, mais c’est cool. Bien que je préfère jouer devant notre public, c’est important de s’exposer parfois à un autre public et d’essayer de gagner de nouveaux fans, comme ça la prochaine fois il y a plus de monde à ton concert (rires). Je pense qu’on a gagné de nouveaux fans. Cela a bien fonctionné.
Opeth vient donc de signer un contrat avec Roadrunner, qu’attends tu de ce contrat?
La raison principale de notre signature est que nous pensons qu’ils peuvent sortir l’album partout et qu’ils en feront une bonne promotion. Par le passé, les gens venaient nous voir pour nous dire qu’il était très dur de trouver les albums. J’espère qu’ils pousseront bien cet album. Nous voyons déjà sur cette tournée les changements : il y a plus de monde aux concerts, nous donnons plus d’interviews avec la presse. On a signé pour ça avec eux, pour pousser l’album, pas parce ce que nous aimons leur groupe de neo metal (rires).
Ce n’est pas ce que j’essayais d’insinuer en tout cas, maintenant que tu me le dis je me souviens qu’il m’a été assez difficile de trouver « My Arms, Your Hearse » et « Still Life »…
Ouias ce sont les albums sortis sur Peaceville et Candlelight. Aux Etats-Unis, c’est pire. Les 4 premiers albums ne sont que trouvables en import. Le premier que nous avons sorti là bas est « Blackwater Park ». Parfois en Europe ça doit être la même chose, cela doit être difficile de se procurer un album. Avec Roadrunner ce ne sera plus un problème, j’espère.
Quels sont les guitaristes que tu apprécies particulièrement en ce moment?
Il y a beaucoup de bons guitaristes. En ce moment les solos reviennent à la mode, et les gens se remettent à s’intéresser à la guitare. Il y a quelques années, et je pense que le Grunge a commencé cette tendance, le jeu n’était plus si important. Je préfère quelqu’un qui a un bon sens de la mélodie à quelqu’un qui est un très bon shredder. Après quand tu prends le mec de Van Halen, il peut combiner tout ce qu’il veut. Il joue de façon fantastique, toujours avec les bonnes notes. Aujourd’hui je dirai que le meilleur guitariste dans le metal est Jeff Loomis de Nevermore.
Je suis d’accord, et du côté du progressif?
Je pense que Steven Wilson est ce qui se fait de mieux. Il n’a pas un jeu très technique, mais il a la possibilité de trouver les bonnes notes.
Oui, pour moi Steve, c’est le nouveau David Gilmour (rires)…
Voila tout à fait, c’est pour cela que j’aime tant son jeu. Si il prend sa guitare, il sait déjà qu’il va en tirer une superbe mélodie.
Merci à Peter ainsi qu' à Laure et Alexandra de Roadrunner pour l'agréable fin d'apres midi.
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